dimanche 25 août 2013

Al Sissi, de mère marocaine et juive, poursuivi en justice.



Al Sissi, de mère marocaine et juive, poursuivi en justice.
Tarek EZZAT
25-08-2013

Un journal en ligne marocain (lemag.ma) publie un article intitulé « Racisme en Egypte : A cause de sa mère marocaine, le général Al Sissi devant un juge »
Selon l’article, la Mère d’Al Sissi n’était pas « seulement » marocaine, elle a eu en plus la mauvaise idée d’être juive.

Le but du procès est d’obtenir un jugement qui dégrade Al Sissi, et de lui retirer sa nationalité.
Rien que ça.

A mon avis, Le procès est fabriqué. Je peux en témoigner.

Après le bac, comme j'avais un excellent résultat, j'ai pu poser ma candidature à Polytechnique Militaire (Pour les français, et ceux qui connaissent la France, c'est l'équivalent de Polytechnique ou "X" en France). Pour que le dossier puisse être recevable, il fallait être Egyptien, de Parents Egyptiens, et de DEUX grands PERES Egyptiens.(les grands-mères étrangères, ça ne compte pas, encore la misogynie traditionnelle de notre société).

Mon dossier a été accepté, j'ai réussi tous les concours d'entrée, mais j'ai été refusé parce que j'étais "subversif, contestataire, et inapte à la vie de militaire" ... dommage, on ne m'a pas donné une attestation écrite des motifs de mon élimination. Mais j'en suis fier.

Pour revenir à Sissi, pour entrer à l'Académie Militaire (l'équivalent de Saint-Cyr en France), les conditions sont logiquement les mêmes, parents Egyptiens et deux Grands-pères Egyptiens.

Et on ne devient pas chef des services de renseignement militaires (dernier poste d’Al Sissi) simplement parce qu’on a eu les meilleures notes au cours de ses études.

Pour que son dossier sont recevable, Sissi a du produire les preuves de sa filiation.

Mais pour revenir au sujet de l’article, je pense, moi, que oui. C'est une loi raciste.

Eva Joly, de nationalité Finlandaise (ou Norvégienne, je ne m'en souviens pas), a acquis la nationalité française par mariage, et a pu être candidate à l'élection présidentielle.

Nous avons besoin en Egypte de gouvernants EGYPTIENS qui AIMENT l'Egypte. Peu importe qui sont leurs parents, où ils sont nés, et d'où ils étaient.

Mon fils, qui est né Français, de mère Vietnamienne (donc étranger) a fait un stage en Egypte (3 mois en 2010). C'était la première fois qu'il mettait les pieds dans ce pays, et il ne parle pas un mot d'arabe.

Au bout d'un mois, il m'a appelé pour me demander comment faire pour acquérir la nationalité Egyptienne. Il avait adopté le pays. Le pays l'avait adopté..

C'est mieux qu'un Morsi, Egyptien, né Egyptien, de parents Egyptiens, un arriviste, qui n'aime que lui-même, et qui a vendu son pays aux étrangers.

Nous avons oublié, à cause de la marée dévastatrice de l’obscurantisme, que les juifs Egyptiens ont contribué à notre histoire, notre culture, et à la modernisation de notre société.
Parmi les plus célèbres, je peux citer Maimonide (en arabe, Abū ‘Imrān Mūsā ibn Maymūn) qui a été le médecin de Saladin (Salah al Dine al Ayouby) et sa famille, et qui a été, avec Saladin, soigner Richard Cœur de Lion dans le camp des croisés.


 Statue de Maïmonide dans l’ancienne Juderia de Cordoue .

 
Il y a, à l’époque contemporaine, Murad Beh Farag un des coauteurs de la première constitution égyptienne en 1923.
Plus proche de nous, il y a aussi René Qattawi, qui a créé en 1935 de l'Association de la jeunesse juive égyptienne, avec comme slogan « L'Égypte est notre patrie, l'arabe notre langue ». Qattawi s'oppose fortement au sionisme politique et écrit une note sur la "Question juive" au Congrès juif mondial en 1943, dans laquelle il soutient que la Palestine ne sera pas capable d'absorber tous les réfugiés juifs d'Europe.

Un autre Juif égyptien de cette époque, Yaqub Sanu, un patriote égyptien condamné à l’exil. Il a lutté contre l’occupation anglaise. En exil, il édite le magazine Abu Naddara, un équivalent du (Canard Enchainé en France) anti britannique et anti-monarchique. Il estime que la monarchie est soumise aux Anglais.

Henri Curiel fonde en 1943 le Mouvement égyptien pour la Libération nationale en 1943, une organisation qui sera le noyau du futur Parti communiste égyptien. Il jouera un rôle important en établissant les premiers contacts informels entre OLP et Israël

Et qui en Egypte ne connaît pas Chemla et Cicurel, les fondateurs des grands magasins du même nom ?

J’en ai connu, moi-même, d’autres juifs Egyptiens, moins célèbres.

Nabil Hassan (bizarre que ce nom de Hassan pour un juif) qui était le patron d’une entreprise de pêche au Cameroun. Il était officier de l’armée Egyptienne dans les années 1940. Après 1948, les Egyptiens le soupçonnaient d’être pro-israélien, parce que juif, et les israéliens le soupçonnaient d’être pro-arabe, parce que Egyptien. Il a donc recommencé sa vie au Cameroun. Il n’a jamais voulu aller en Israël. « Leurs souffrances les a rendus malades, haineux. Ils ne pensent qu’à se venger de leurs bourreaux » m’a-t-il dit.

Il y aussi les artistes. Ignaz Tiegerman, et Sela Menaszes, mes professeurs de piano. Et Adlophe Menaszes, professeur de violon au conservatoire du Caire, prisonnier des nazis, qui doit sa vie sauve parce que les allemands sont mélomanes. Il a été violoniste dans un orchestre militaire allemand. « C’est pour ça qu’ils ont perdu la guerre » disait-il, l’œil malicieux.
 
Il y a (enfin?) George Moustaki, Egyptien jusqu’à l’os. Progressiste et révolutionnaire. Si cher à nos cœurs et qui a contribué de son mieux à l’activité de la Bibliothèque Nouvelle d’Alexandrie.

Un documentaire cinématographique est paru récemment sur les juifs d’Egypte. Je ne l’ai pas encore vu, mais d’après ce que j’en sais, je conseille à tous de le voir, pour mieux connaitre l’histoire de notre peuple.

Notre révolution sera, dans l'histoire, aussi importante et décisive que la révolution française.

Mais, plus de deux siècles après la prise de la Bastille, il y a encore des français racistes, xénophobes, et réactionnaires.
Certains d'entre eux sont même au pouvoir. Les déclarations issues de France à propos de notre révolution, où à propos de la Syrie en sont la preuve.

La Bastille a été détruite, mais elle reste dressée dans certains esprits.
La bastille n'était pas seulement une prison pour les subversifs. C'était la prison des idées de progrès.

Quoique le chemin vers une société éclairée et tolérante est long, le peuple Egyptien, comme le peuple Français, saura prendre notre Bastille, la détruire, et construire une vision moderne et éclairée de notre avenir.


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