samedi 10 août 2013

Lettre ouverte à M. El Baradei



Lettre ouverte à M. El Baradei
Tarek EZZAT

Monsieur le Vice-Président,

J’observe que depuis plus d’un mois, des manifestants soutenant l’ex-président destitué manifestent dans notre pays, essentiellement à Raaba Adaweya, et à Nahda.

Ces manifestants ne se contentent pas de protester pacifiquement. Ils saccagent les lieux, utilisent les jardins publics comme lieux d’aisance, et l’on entend leurs dirigeants, tous les jours, préférer des menaces contre l’armée, contre le peuple, contre les chrétiens, contre la sécurité nationale.

Vous avez alors dit être opposé à la dispersion violent de cet attroupement, au motif de ne pas verser de sang, que le sang Egyptien est précieux, que ces manifestants sont des Egyptiens comme nous tous.

Vous avez même menacé de démissionner si une action violente était entreprise contre ces manifestants.

Il est vrai que vous avez démenti avoir adopté une telle attitude. Mais je constate que presque toute la presse continue à vous accuser. Comme dit le proverbe, ‘il n’y a pas de fumée sans feu’. D'ailleurs vos actes, comme on les voit tous les jours, ne démentent pas vos propos. C'est la pressions populaire qui vous a contraint à plus de prudence.

Je doute que des journalistes comme Ibrahim Issa, Amr Adib, Youssef El Hosseiny, où d’éminents magistrats comme Tahany El Guebaly ou Ahmad el Zend soient des calomniateurs, ou des inconscients égarés, qui porteraient, sans motif, de telles accusations contre un innocent.

Vous avez ensuite rectifié ces prétendues rumeurs en précisant que vous souhaitez une dispersion des manifestants ‘conformément à la loi’.

Cet argument est plus que surprenant de la part d’un juriste. Vous ne pouvez pas ignorer que non seulement l’Etat dispose l’également du monopole de l’usage de la force, mais que aussi que l’usage de cette force est justifié lorsque les manifestants se livrent à la dégradation de biens publics, une occupation illicite de de la rue, à la perturbation des transports, ou toute autre atteinte à l’ordre public.

L’Etat n’a pas besoin d’une loi pour disperser des manifestants.

Mais revenons à votre argument insensé, selon lequel il faut éviter de verser du sang. Que le sang des Egyptiens est précieux.

Nous savons, depuis longtemps, que nous n’avons pas affaire à des manifestants pacifistes. Il s’agit de hordes mafieuses qui occupent les places de notre pays et agressent les habitants alentours.

Tous les médias rapportent qu’à Rabaa, il y a eu des séances de torture. Qu’il y a eu des morts. Que des enfants, trompés par des promesses de cadeaux, y sont conduits pour servir de boucliers humains.

Qu’en pensez-vous ? Pourquoi ne dites-vous rien ? Le sang des victimes de Rabaa ne serait-il pas du sang Egyptien ? A-t-il moins de valeur que celui des criminels que vous protégez à tout prix ? Pourquoi n’avez-vous pas condamné, même du bout des lèvres, ces atrocités commises contre notre peuple ?

On n’attend pas d’un président de nous dire ce qu’il ne faut pas faire. A la limite, si vous êtes contre une dispersion violente des manifestants islamistes, pourquoi pas ? Mais dites-nous alors comment faire. Dites-nous comment, à votre avis, faire cesser ces crimes. Comment mettre fin à cette injure quotidienne contre notre pays et contre notre peuple.

C’est trop facile de faire un entretien de presse, assis dans un fauteuil, les mains en éventail, pour dire que vous condamnez la violence contre des assassins, alors que des victimes payent de leurs vies votre passivité et votre silence coupable.

Mais il y a plus.

Comment se fait-il que vous n’avez rien dit, alors qu’au Caire, à Alexandrie, en haute Egypte et ailleurs, les même hordes mafieuses agressent et tuent nos compatriotes ?

Je ne vous ai pas entendu condamner l’assassinat des Chiites qui priaient paisiblement chez eux. Plus récemment, je ne vous ai pas entendu, non plus, condamner les crimes commis à Minieh ou Sohag contre des citoyens chrétiens. Et qu’avez-vous dit, ou fait, après l’assassinat délibéré d’une fillette de 10 ans, dont le crime était d’avoir été prier à l’Eglise ?

Il y a encore plus.

On sait que le régime déchu n’a pas seulement organisé l’atteinte aux libertés publiques et le trucage des élections.

On sait que ce régime a bradé notre souveraineté nationale, par des accords secrets concédant des pans entiers du Sinaï, le bradage du Canal de Suez, l’abandon de Halayeb et Chalatine ou la capitulation devant l’Ethiopie en ce qui concerne le partage des eaux du Nil.

Sans compter encore le vol de nos antiquités et de notre patrimoine historique, l’amnistie des criminels parents du président déchu ou de sa tribu, nominations de ses proches aux postes clés de l’Etat.

Avez-vous oublié qu’à Louxor, ville touristique par excellence, on a vu nommer l’organisateur d’un attentat qui a coûté la vie à plus de 70 touristes.

Qui paye le prix de ces égarements ? Pas vous. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

Ceux qui vivent du tourisme, ruinés. Les habitants du Sinaï, rackettés. Les chrétiens, assassinés. Les jeunes révolutionnaires, assassinés aussi. Les citoyens paisibles, torturés. Les enfants kidnappés. Les jardins publics saccagés. Les Eglises, incendiées. Les Bien publics détruits.

Voilà monsieur le Vice-Président le prix de votre non-violence. Le prix de votre mansuétude à l’égard d’une mafia criminelle qui terrorise notre peuple. Le prix de votre chantage à la démission. Le prix de votre lâcheté et de votre compromission.

Et voilà, monsieur le Vice-Président, que vous nous invitez à nous réconcilier avec cette organisation criminelle et proposez de lui permettre de participer à la vie politique.

Et les victimes ? Y avez-vous pensé ? Les parents des Martyrs, leur avez-vous demandé leur avis ? Le sang de leurs enfants ne compte-t-il plus ?


Après le 30 juin 2013, on a vu alors un défilé de diplomates, venus nous dire comment gouverner notre pays, comment établir un vraie démocratie, et réclamer en fin de compte la libération de ceux qui ont organisé les vols, les viols, les cars de fillettes conduites à des séances d’excision, des incendies d’églises, et de la destruction de l’économie et de l’Etat.

Il se trouve que ces diplomates représentent tous des pays hostiles à notre peuple, qui ont soutenu le régime déchu et ont passé avec lui ces accords iniques, souvent secrets, au mépris de la dignité de notre peuple.

Aucun pays au monde n’a jamais accepté une telle humiliation. Aucun pays au monde n’a jamais accepté de discuter avec une puissance étrangère de la manière de gouverner, ou de la manière de traiter des prisonniers de droit commun. Aucun pays au monde n’a jamais accepté une ingérence extérieure, et internationalisé ainsi un conflit interne.

Vous savez que Catherine Ashton, qui n’est pas venue d’elle-même, mais que vous avez invitée, représente l’Union Européenne, c’est-à-dire l’OTAN, qui a détruit la Yougoslavie et divisé un peuple uni en plusieurs sous états croupions, dépendant de l’hégémonie occidentale.

Vous savez que les Etats Unis ont tout fait pour faire croie que les chefs de la mafia qui était au pouvoir sont des ‘prisonniers politiques’.

Et si vous ne savez pas qui est le sénateur McCain, demandez à l’ambassadeur du Vietnam de vous en parler.

Le sénateur McCain était pilote de bombardier, il a été abattu par l’armée Vietnamienne alors qu’il tentait de détruire la centrale électrique de Hanoi.

McCain, ce chevalier du ciel, et ses compagnons, sont ceux-là qui ont largué du Napalm sur les enfants, comme la petite Kim Phuc . Ceux qui ont exterminé des villages entiers, n’épargnant ni vieux, ni femmes ni enfants, comme à My Lai. Ou encore ceux qui larguaient de l’agent orange, produit pas la tristement célèbre usine Monsanto, et qui est, jusqu’aujourd’hui, est la cause de malformations atroces frappant tant de nouveaux nés vietnamiens.

http://s1.lemde.fr/image/2012/06/14/534x0/1718250_7_8c35_8-juin-1972-trang-bang-sud-vietnam-kim-phuc_78585d6ef8a31edf594f091eeed79bed.jpg 

Les exploits de McCain et ses amis.
Kim Phuc a 9 ans quand un avion largue sur son village des bombes au napalm.
Un village décimé.
McCain n'a aucun remord





Les exploits de McCain et ses amis. 

La population civile vietnamienne toujours victimes de la contamination du territoire par l'agent orange







McCain, le sioniste, qui après avoir prié devant le Mur des Lamentations a déclaré Jérusalem capitale éternelle d’Israël, et souhaité bombarder l'Iran, la Syrie, alors que son collègue, le sénateur Tancredo souhaitait bombarder la Mecque, insultant ainsi des milliards de musulmans de par le monde.

C’est bien ce McCain qui, chez nous, a insulté notre peuple dans une conférence de presse.
Monsieur le Vice-Président,

Dans quel pays au monde a-t-on accepté de voir ce défilé de diplomates venir nous dire comment résoudre nos propres problèmes ?

Et par quel mystère il s’avère que ces diplomates représentent tous des pays et des organisations hostiles à notre peuple ?

Sommes-nous devenus si attardés au point que des puissances étrangères viennent nous donner des leçons de démocratie ?

Pourquoi salir notre pays en serrant la main d’un criminel de guerre ?
Pourquoi humilier notre peuple en internationalisant un conflit interne ?
Pourquoi vous déshonorer, et abaisser notre pays en recevant des diplomates hostiles à notre Révolution ?

Monsieur le Vice-Président.

Cessez ce chantage à la démission. La réalité est que par chantage et votre lâcheté, vous soutenez des criminels, vous encouragez des puissances étrangères à intervenir dans nos affaires intérieures, vous portez atteinte à la souveraineté de notre pays, et vous insultez notre peuple et ses martyrs.

Tarek EZZAT

1 commentaire:

  1. Puissant effet cathartique de lire en partie ce qu'on voudrait hurler (car le reste je l'ignorait Mc Cain ettutti quanti)
    Admirablement écrit ya Tarek ! Admirablement pensé et argumenté !

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