samedi 13 août 2022

Samir Amin (Extrait de mes memoires)


 

Assis bord de mon lit, je n’avais pas envie d’aller à l’école. Ma mère et Isabelle s’impatientaient. Il faut préciser quand même que ma mère et Isabelle étaient institutrices à cette même école, et qu’elles devaient, comme moi, être présentes à l’heure.

Je traînais et je cherchais des prétextes les yeux rivés à mes orteils : « Et pourquoi dois-je mettre des chaussettes ? Et si je ne mets pas de chaussettes, est-ce que c’est grave ? … »

Isabelle s’impatientait. Enfin elle se décida à interpeller ma mère. « Mais donne-lui une paire de claques ! On va être en retard ! » … alors comme je connais ma mère, et que je savais qu’elle n’allait pas se faire prier deux fois, je me suis exécuté.

Cette histoire, Isabelle l’a racontée tout amusée pendant plus de cinquante ans à qui veut l’entendre. A cette époque, elle logeait chez nous après avoir eu des problèmes de santé. Samir, son mari, était en France. Samir et Isabelle étaient des amis très proches de mes parents. Je suppose que Samir a connu mon père au Parti Communiste Egyptien. J’ai toujours considéré qu’ils sont aussi ma famille, voilà pourquoi Isabelle est la seule personne au monde qui pourrait parler de me donner des claques sans que je m’en offusque.

Samir, c’est le célèbre économiste et militant marxiste Samir Amin, connu et archi connu dans le monde de l’économie politique. Mais tout ça m’était égal. Que Samir eût été économiste, dentiste, ou cordonnier n’avait aucune importance. Ce qui me plaisait c’est sa simplicité, son humour et sa bonne humeur à toute épreuve.

Mon premier souvenir de Samir et Isabelle est à Aboukir. Il y avait là un restaurant où l’on pouvait choisir son poisson ou ses gambas. J’aimais ces journées passées là-bas. J’étais encore enfant, je ne me souviens plus très bien de l’endroit, mais je revois toujours ce grand étal de poissons frais, et j’ai encore la mémoire de cette friture sur mes papilles. Un autre souvenir est à Ismaïlia. Je regrette encore cette énorme langouste vivante que nous n’avons pas achetée parce qu’elle était trop chère.

Pour me venger du sort, je me gave de langoustes à chaque fois que j’en ai l’occasion.

 

Samir et Isabelle sont finalement partis à Paris. Le régime de Nasser poursuivait les communistes. Il travaillait à l’institut des la planification et des statistiques, un équivalent à la Cour des Comptes en France. Il était donc trop exposé à la vindicte du pouvoir. Comme sa mère était Française, son départ clandestin d’Egypte fut rocambolesque, mais son arrivée en France s’est bien passée.

Il était en interdiction de quitter le pays, sans le savoir. C’est l’officier de police qui lui a délivré son passeport qui le lui avait annoncé. « Votre mère a sauvé la vie de mon fils » lui a-t-il dit pour expliquer sa désobéissance aux consignes. Il lui a conseillé de ne pas partir par l’aéroport du Caire. Samir est donc parti en bateau, depuis Port-Saïd.

Pourtant Samir et sa famille aimaient l’Egypte. Son père, Egyptien, et sa mère, Française étaient médecins. Après leur rencontre à l’école de médecine de Strasbourg, ils s’étaient installés d’abord en Haute-Egypte, puis à Port-Saïd.

Après ma quatrième année d’université, il ne me restait plus qu’un seul été de vacances scolaires. Ma mère voulait que je les passe en France. Elle a été voir le conseiller culturel au consulat de France :

-          Monsieur, voilà plus de vingt ans que j’enseigne de français au lycée, je n’ai rien demandé pour moi-même. Aujourd’hui je viens vous demander quelque chose pour mon fils !

-          Qu’à cela ne tienne madame…que puis-je faire pour vous ?

-          J’aimerais qu’il puisse partir en France pendant l’été.

Quelques jours plus tard, j’ai reçu un appel du consulat. J’étais inscrit à un stage « connaissance de la France » et je devais aller choisir le thème de mon stage.

Je suis donc arrivé en France en début d’été 1971. A cette époque, la livre égyptienne n’était pas convertible. J’avais le droit d’échanger de l’argent pour mon voyage, mais seulement une somme ridicule qui ne m’aurait suffi que quelques jours. Samir et Isabelle m’ont donc donné deux mille francs. C’était une somme importante. Mais pour faire des économies, ils ont demandé à un ami sénégalais, Ibrahima, de me loger.

Après mon stage dans le sud de la France, je suis revenu à Paris. J’ai donc utilisé les deux mille six cents francs pour acheter une tente et faire un périple de deux mois en auto-stop dans toute la France.

Au bout de deux mois, ils m’ont encore donné mille francs. J’ai donc visité Paris.

Mais ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de sa générosité de cœur. La vérité est que chaque fois que je rencontre Samir, je vois qu’il s’inquiète et tente de résoudre les problèmes de tel ou tel de ses connaissances. Et je dis bien connaissance et pas amis. Il aidait toute personne qu’il estimait respectable et honnête. La seule différence est que les amis avaient droit à quelques privilèges de plus.

A Paris j’ai connu sa mère. Une femme exceptionnelle. Elle me racontait qu’en Haute-Egypte elle faisait payer les patients riches, mais soignait souvent gratuitement les paysans pauvres. Elle était à Port-Saïd lors de la guerre de Suez. Malgré la colère populaire des Egyptiens contre la France, les habitants l’ont spontanément protégée. Elle soignait les blessés victimes des bombardements.

 

Mon père était venu à Paris pour consulter un cardiologue et revenir plus tard se faire opérer si c’était nécessaire. « Mais monsieur lui dit le Professeur Grogogeat, si vous n’êtes pas opéré tout de suite, vous ne reviendrez jamais plus tard ! »

C’est ainsi qu’après un triple pontage coronarien, mon père a passé deux mois de convalescence chez Samir.

Samir a un petit appartement à côté du sien. Il sert à loger les amis de passage à Paris. Mon père l’appelait l’hôtel Samir.

Et la politique dans tout ça ?

Eh bien, nous discutons souvent de politique. Samir connait de très nombreux décideurs ou chefs d’Etat du tiers-monde. Il est invité un peu partout pour donner des conférences, ou des recommandations. Parmi ses connaissances, il y avait Fidel Castro, qui lui offrait d’énormes boites d’énormes cigares. Mais Samir ne fumait que des cigarettes, alors je me sacrifiais et je prenais les cigares de Castro pour les fumer moi-même.

Ce que j’aime dans mes discussions avec Samir, c’est que je peux avoir une idée de ce qui se passe dans le monde et qu’on ne dit pas dans les médias. Comme nous sommes souvent du même avis sur les événements, nous avons rarement des désaccords. Par contre, on se voit souvent autour d’une bonne table … comme à Aboukir. Nous aimons toujours les poissons et fruits de mer.

Il y a une quinzaine d’années, j’ai enfin pu convaincre Samir de se mettre au traitement de texte.

-          Mais je n’ai pas besoin de ça ! moi un papier et un crayon me suffisent amplement ! Et que veux-tu que je fasse de ces machines !

-          Mais Samir, est-ce que tu te rends compte ? Dès que tu termines un article, tu peux l’envoyer tout de suite partout dans le monde avec la messagerie électronique …

Ce fut laborieux, mais j’ai réussi à le convaincre.

C’est là que les problèmes se sont multipliés. Tous les deux ou trois jours, il me téléphonait :

-          Mais qu’est-ce que tu as encore fait avec cette machine infernale !

-          Bon je viens voir demain

J’allais donc régler le problème. Mais deux jours plus tard, il y en avait un autre.

Une fois le problème réglé, il déclarait « Bon, tu as gagné ton repas », et nous allions avec Isabelle manger au restaurant.

A cette époque mon fils était petit. Ces histoires l’amusaient beaucoup. Il se moquait de nous « Tu cliques à gauche, tu gagnes un repas ! Tu cliques à droite, tu gagnes un repas »

Après avoir passé le cap du traitement de texte et de la messagerie, Samir a décidé de créer son site internet et m’a promu « Web Master ».

Mais Samir sait maintenant se passer de moi. Il a un autre site, un autre Web Master, un blog, et je ne sais quoi encore.

Je ne suis pas superstitieux, mais Samir et Isabelle me rappellent les prières de ma grand-mère « je ne pris pas Dieu qu’il te fasse riche ou puissant, je prie pour qu’il mette sur ton chemin des gens de bien ».

Elle a été exaucée.

 

 

dimanche 7 août 2022

Lettre ouverte à M. KARIM KHAN, procureur de la CPI

Lettre ouverte à M. KARIM KHAN, procureur de la CPI

 

Lorsque la CPI a été créée, les victimes de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ont accueilli l'événement avec optimisme et satisfaction.

 

Malgré ses lacunes et les limites de ses pouvoirs, la CPI était l'espoir de voir un jour les tyrans châtiés et les criminels sanctionnés.

 

Avec le temps, il a fallu déchanter : la CPI ne poursuivait que les Africains. Plus tard, avec les poursuites contre Milosevic la CPI dévoila enfin sa vraie nature : un instrument dirigé contre les gouvernants qui n'ont pas l'heur de plaire aux Etats voyous et criminels que sont les États-Unis et Israël, et que la. CPI était tout simplement une annexe judiciaire de l'OTAN.

 

Ce sentiment a été conforté par les lenteurs et les tergiversations de Madame Fatou Bensouda, précédente procureur de cette institution qui avait déçu tant d’espoirs.

 

Comme Madame Bensouda vous ne faites rien pour instruire les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis en Palestine occupée par le régime d'apartheid israélien.

 

Comme peu avant l’expiration de son mandat, Madame Bensouda avait annoncé l’ouverture d’une enquête, alors vous s ou vous êtes supposé le faire... Vous enquêtez sur quoi ? et pourquoi ? Nous voyons depuis quelques années des centaines de civils, des femmes, des vieillards et surtout des enfants assassinés froidement par la soldatesque israélienne. Ces monstres ne dissimulent pas leurs crimes. Ils s’en vantent même. Les journaux et les chaînes d’information rapportent les faits. Même les journaux israéliens expliquent dans le menu détail les horreurs commises par ces hordes judéo-nazies. Mais vous vous enquêtez. Apparemment vous n'avez pas trouvé de preuve alors que les crimes commis aux yeux de tous et surtout abondamment documentés.

 

Mais il y a plus.

 

Dès que la propagande ukronazie ameute la terre entière en prétendant que l'armée russe avait commis des crimes de guerre un peu partout en Ukraine, vous avez été convoqué par vos maîtres et êtes accouru pour vous rendre sur place comme un chien que l’on a sifflé.

 

Ni la Russie ni l'Ukraine ne sont parties à la CPI. Les États-Unis non plus. Le territoire Ukrainien est donc hors de votre compétence. Vous savez donc parfaitement que dans ce cas, seul le conseil de sécurité des Nations unies a le pouvoir de vous saisir.

 

Mais au diable procédures, règles et convenances. Vous avez été employé pour être le larbin de la mafia américano-israélienne, alors vous accomplissez scrupuleusement votre travail de larbin.

 

Vous avez fait quoi lors de votre "enquête" en Ukraine ? Vous avez, comme un chien policier, reniflé les cadavres qu’on a laissé pourrir dans les rues en attendant votre arrivée ?

Avez-vous pu identifier les coupables que l’OTAN vous a désignés ?

 

 

Mais il y a encore plus :

 

Vous vous êtes donné en spectacle sur les chaînes de télévision pour soliloquer sur les foudres de la “justice”. Ces foudres qui allaient s’abattre sur tous ceux que M. Biden aura sélectionné pour nous distraire.

 

Depuis que vous êtes entré en fonction, qu'avez-vous fait pour les victimes en Palestine ?




 

Vous avez perdu toute crédibilité et vous n'êtes digne d'aucun respect.

 

Personne ne respecte les chiens galeux

 

 


jeudi 15 juillet 2021

Etoile Jaune des Non-Vaccines

 

Etoile Jaune des Non-Vaccines

 

Ceux qui refusent le pass sanitaire portent une étoile jaune, semblable à celle que les nazis ont imposé aux juifs.

 



 

 

Cela a suffi pour provoquer la fureur de nombreux journalistes, politiciens, ou simples citoyens qui y trouvent une banalisation du nazisme et une insulte à la mémoire des victimes.

 

Pourquoi tant de colère ?

 

De mon point de vue, le respect des victimes de guerre et de révolte passe par le respect de nos droits et libertés. Dénoncer des abus et défendre nos droits constitutionnels sont des actes sains et légitimes. Je n'y vois pas d'affront mais un avertissement, un rappel de l'histoire. C'est important de ne pas oublier et ne pas reproduire ces horreurs.

 

Mais il y a plus.

 

Ce que nous voyons, c’est la réaction des services sionistes aux ordres d’Israël.

 

La propagande sioniste veut avoir le monopole de la souffrance, et donc un droit exclusif sur le symbole de cette souffrance.

 

L’étoile jaune est devenue une marque déposée, à l’usage exclusif du CRIF, BNVCA et autres officines qui instrumentalisent la Shoah et l’antisémitisme pour assurer une défense inconditionnelle d’Israël et le dédouaner du génocide des Palestiniens.

Antisémitisme ; ce rayon paralysant suppose réduire au silence toute personne qui oserait parler de ses souffrances comme un moyen de la détruire

 

L'étoile jaune a été un marqueur qui a été utilisé pour discriminer les juifs. Il parait que lors de l’épidémie de peste, on accrochait une cloche au pied des pestiférés, pour que la population les évite. En Egypte, le sultan avait ordonné de suspendre une croix en bois de 5 livres au coup des Coptes (la corde qui soutenait la croix provoquait des hématomes à l’endroit des cervicales, ce qui fait que jusqu’à ce jour, on surnomme les Coptes « os bleu »). En Iraq et en Syrie, la lettre « n » (Noun pour Nazareth) était inscrite sur la porte des maisons des chrétiens là où DAESH sévissait, il n’y a pas longtemps.

 

La propagande sioniste veut avoir le monopole de la souffrance, et donc un droit exclusif sur le symbole de cette souffrance. Des que cette exclusivité risque d'être mise en cause, les officines sionistes convoquent la souffrance éternelle des juifs depuis la nuit des temps, la Shoah, le devoir de mémoire et met en œuvre le rayon paralysant du chantage à l'antisémitisme.

 

A tel point que lors de la marche contre l'islamophobie, certains ténors du CRIF se sont insurgés contre les manifestants qui portaient une étoile verte, à 5 branches, sur laquelle il y avait marqué "musulman" en les accusant d'outrage à la mémoire des juifs persécutés par les nazis

 

Comment ont-ils osé faire allusion à la souffrance unique et éternelle en arborant « une étoile ! »

 

Non, les juifs n'ont pas le monopole de la souffrance, des dizaines de peuples ont subi souffrances, répression et génocides, et l'étoile jaune est un symbole universel de la souffrance que toute personne qui se sent discriminée est en droit d'arborer.

 

L'étoile jaune n’est pas une marque déposée à l'usage de la propagande sioniste