Propagande Impérialiste du Journal Le Monde
Tarek EZZAT
Dans l’édition du mardi 11 novembre 2014, On peut lire un article signé
Hélène Sallon, intitulé « La lutte contre le terrorisme, argument
imparable de l’Egypte ».
Selon cet article, l’audition de
l’Egypte devant la Commission des droits de l’homme des Nations unies (UNHRC),
mercredi 5 novembre à Genève, est loin d’avoir apaisé les craintes de la
société civile égyptienne.
Plus loin, on apprend, grâce aux
indications très précises de madame Sallon, que « Les organisations non
gouvernementales (ONG) égyptiennes avaient établi une liste de recommandations
qui … fait un constat accablant des atteintes aux droits de l’homme et des
restrictions aux libertés publiques depuis la destitution par l’armée du
président Mohammed Morsi, le 3 juillet 2013.
Madame Sallon ajoute « Ces
organisations ont même renoncé à venir défendre à Genève leurs arguments …
disant craindre des « persécutions » à
leur retour. »
On annonce déjà la couleur :
le gouvernement Egyptien est une junte militaire de tortionnaires qui persécute
la société civile. Face à cette répression odieuse, les ONG égyptiennes ont
préféré capituler et ne pas défendre leurs revendications à Genève.
D’ailleurs, madame Sallon entonne
ensuite le refrain lancé par le Washington Post « Fayza Aboul Naga,
instigatrice en 2012 d’une campagne d’arrestations contre des organisations
américaines basées en Egypte était nommée conseillère (de la Présidence) à la
sécurité nationale ».
Fayza Aboul Naga avait conduit
une campagne contre des ONG Egyptiennes, financées par les Etats Unis, via des
succursales patentées de la CIA, comme la NED, la campagne s’est soldée par plusieurs
arrestations, dont certains américains. Le fils d’un ministre d’Obama a dû se
réfugier à l’ambassade de son pays, de peur d’être également arrêté.
Mais madame Sallon ne nous dit
pas que ces organisations ont financé et soutenu des actions contre la
Révolution Egyptienne, dans le but de la faire avorter, et favoriser l’accession
au pouvoir des Frères Musulmans et leur candidat Mohammed Morsi qui,
contrairement à l’intoxication des médias occidentaux, n’a pas été élu
démocratiquement, mais par la fraude, la violence, et les menaces terroristes[1]
Grâce à la clairvoyance de Fayza
Aboul Naga, l’Egypte n’est pas tombée dans le piège du chaos, tendu pas les
Etats Unis. Elle a évité une prise de pouvoir par les néo-nazis des révolutions
colorées, qui avec leurs militants soi-disant « pro-démocratie » sème
la terreur et la mort, en Ukraine, à Hong Kong.
En renvoyant les Frères Musulmans
et leurs comparses dans les geôles, l’Egypte a également déjoué les tentatives
des islamistes « modérés » que l’impérialisme parraine en Syrie, en
Lybie, au Yémen, et un peu partout ailleurs dans les pays dits
« musulmans ».
Des assassinats de masse, comme
en 1965 en Indonésie, ou des coups d’état à la Pinochet sont devenus très
difficiles, voire impossibles de nos jours. Les ONG droit-de-lhomistes
financées par l’Occident sont donc indispensables pour permettre une ingérence
impérialiste de l'intérieur dans les pays qui s’opposent
aux impérialismes qui tentent de les dominer.
On peut déjà se poser des
questions sur ces associations de défense des droits de l’homme qui
s’abstiennent de venir au Nations Unies défendre leurs thèses. Elles prétendent
que c’est par crainte de la répression, mais si la répression s’abat sur toute
la société civile, et que les militants qui s’y opposent capitulent par avance,
à quoi servent alors ces associations ?
Autre chose curieuse ; les
revendications de ces associations sont publiées dans la presse Egyptienne, et
elles sont de toutes évidences connues par les Nations Unies. Les membres sont
libres d’aller et venir. Le gouvernement Egyptien est spécialiste des maladresses
et des bévues. Mais pourquoi diable aurait-il persécuté des gens qui expriment
une opinion que tout le monde connaît déjà ?
Le vrai problème de ces ONG, de
l’impérialisme et de ses propagandistes, c’est l’argent. Les moyens d’agir pour
miner l’action populaire. En interdisant le financement des ONG Egyptiennes
depuis l’étranger, l’Egypte prive les agents de l’étranger de leur pouvoir de
nuisance.
D’ailleurs, l’Egypte n’est pas la
seule à appliquer cette politique. Ces ONG sont logées à la même enseigne entre-autre
en Russie, en Chine, en Syrie ou au Venezuela. C’est-à-dire dans les pays où
les gouvernements refusent de se soumettre au dictat de la
« démocratie » des Etats Unis.
Au point où elle en est, madame
Sallon ne s’embarrasse ni de contradictions, ni de dissimulations. Après avoir
dénoncé le bilan « accablant » des droits de l’homme en Egypte, elle
annonce benoîtement que ce bilan a reçu un avis positif de la Commission des
Droits de l’Homme, « donné par 105 des 122 membres »
Pour madame Sallon, ces 105 pays,
qui représentent 80% de l’humanité sont quantité négligeable. Seul compte
l’avis des 17 pays qui tentent d’imposer leur domination sur la région, en
entravant le cours de la Révolution Egyptienne.
Plus loin dans son article,
Madame Sallon nous apprend que « Cette logique répressive (du gouvernement
Egyptien) trouve grâce aux yeux d’une majorité de l’opinion égyptienne »
Ainsi, selon madame Salon, pour
être démocratique, le gouvernement Egyptien aurait dû faire plaisir à la
minorité qui soutient les ONG des agents de l’impérialisme, et faire taire les
patriotes égyptiens qui veulent se libérer du pouvoir obscurantiste des
religieux.
Peut-être se dit-elle que si le
peuple ne s’exprime pas conformément aux désirs de l’OTAN, il faut alors changer
le peuple ?
Madame Sallon prêche une
démocratie à la Française ; un président qui a capitule devant une poignée
de néo-libéraux et de grands patrons, et oublie les promesses faites au peuple
lors de sa campagne.
Pourtant, cette grande adepte de
la démocratie, catapultée spécialiste de l’Egypte par le journal « de
référence » n’a pas pris la peine de prendre sa plume pour dénoncer les
crimes des Frères Musulmans alors qu’ils étaient au pouvoir.[2]
Jessy, 10 ans. Assassinée par les pro-Morsi, àla sortie de la messe.
Pour terminer son texte, madame
Sallon nous donne un exemple de la répression féroce qui s’abat sur la société
civile : « Le 24 octobre 2014, les dirigeants des seize principaux organes
médiatiques gouvernementaux et privés ont forcé le trait, s’engageant
publiquement à s’abstenir de toute critique préjudiciable aux autorités et aux
forces armées, au nom de la lutte contre le terrorisme »
Elle ajoute, telle une voyante
extra-lucide « Une pétition signée par plus de 500 journalistes pour
protester contre cette perte d’indépendance restera sans doute sans
suite »
On pourrait croire que du fait de
cette répression qui désintègre la société civile Egyptienne, ces 500
journalistes sont aujourd’hui condamnés au bagne ou même assassinés.
Eh bien non. Ils écrivent
toujours. On les voit aussi à la télévision, et on les entend à la radio. Des
économistes d’extrême gauche, comme Samir Amin, écrivent régulièrement des
pages entières de critiques dans « Al Ahram », le premier
hebdomadaire du pays. Ibrahim Issa, un journaliste engagé accuse publiquement
le Président Sissi, à la télévision, de capitulation devant les islamistes.
Est-ce à dire que tout va bien en
Egypte ? Certainement pas. Mais une grande majorité s’accorde à dire que
tout va mieux.
Les luttes seront longues et
multiples. Contre l’impérialisme et l’ingérence étrangère bien sûr. Mais aussi
contre l’ignorance, la pauvreté, l’obscurantisme religieux islamique,
l’obscurantisme religieux chrétien
[1] Morsi
n’a pas été élu démocratiquement. Voici comment et pourquoi
http://afrique-asie.fr/menu/moyen-orient/5898-morsi-n-a-pas-ete-elu-de
[2] Lettre
ouverte aux Égyptiens qui crachent sur leur pays et leur peuple
http://www.afrique-asie.fr/menu/moyen-orient/7489-lettre-ouverte-aux-egyptiens-qui-crachent-sur-leur-pays-et-leur-peuple.html