Contradictions, Confrontations, Luttes Sociales en Egypte.
Le coup d’état de Mohammad Morsi
Tarek EZZAT
Le terrorisme n’est pas arrivé
par hasard en Egypte. L’islam politique, qui est sa représentation respectable
non plus.
Depuis environ 80 ans, Hassan El
Banna a fondé la confrérie des frères musulmans. Cette organisation essaima
ensuite en divers groupes ou groupuscules de dénominations diverses ;
Ansar al Sharia (les partisans de la sharia) Anssar Beit el Maqdis (les
partisans de Jérusalem) Al-Qaeda, Daesh.
L’objectif annoncé de ces groupes
est la prise du pouvoir par tous les moyens, soi-disant pour faire triompher le
message de l’islam. Pour cela, tous les coups étaient permis. Trahison du
peuple via une alliance avec l’occupant anglais (On vous soutient, et vous nous
aidez à prendre le pouvoir), assassinat des adversaires politiques (Premier
ministre Al-Nokrashy, Président Sadate) ou Alliance avec l’impérialisme
américain.
En 2011, la Révolution Egyptienne
était l’occasion rêvée. Le parti pu enfin accéder au pouvoir en volant la
révolution pour mettre Mohamed Morsi à la présidence de la République.
La tactique des frères musulmans
Pour réaliser leurs objectifs,
les frères musulmans n’ont hésité devant rien :
Leur candidat, le milliardaire
Khairat El-Shater, ne pouvait pas se présenter aux élections, du fait que sa
mère avait la nationalité américaine. Mais qu’importe, avec l’aide du Hamas
Palestinien (qui est une succursale de la confrérie), Mohamed Morsi, repris de
justice qui purgeait une peine de prison, et présenté comme prisonnier
politique abusivement détenu par le régime de Moubarak, fut libéré avec des
centaines de criminels de droit commun après l’attaque de la prison où ils
étaient incarcérés.
La confrérie islamique a falsifié
les listes électorales, et les électeurs de son parti avaient plusieurs
bulletins de vote, le cas le plus surprenant était un électeur qui a disposé de
60 bulletins différents, utilisables dans des bureaux de vote différents.
Le journaliste Ibrahim Youssef a
produit publiquement les preuves de ces manipulations ses émission de télévision[i]
Une autre affaire de fraude
concerne l’imprimerie nationale qui a émis plusieurs centaines de milliers de
bulletins de vote qui ont été remis aux partisans de Morsi pour bourrer les
urnes.
Les anti-Morsi et surtout les
chrétiens ont été interdits de vote. Parfois sous la menace de brûler leurs
maisons ou leurs commerces et de les tuer ou tuer leurs enfants.
En Égypte, les bureaux de vote
sont supervisés par un magistrat (C’est la loi) La magistrature a refusé de
superviser les bureaux de vote, parce que les « frères musulmans »
s’attroupaient en masse dans les bureaux de vote pour intimider les votants et
les obliger à voter pour Morsi.
En plus des gros bras présents
dans les bureaux de vote, les pro-Morsi organisaient des files d’attente
interminables devant les bureaux de vote. Ces files d’attente ne bougeaient
presque pas, et ne votaient que très lentement. Ce qui fait que les autres
votants se lassaient d’attendre et finissaient par rentrer chez eux.
Il est établi judiciairement, et
avant la destitution de Morsi, que c’est le général Chafiq qui avait remporté
les élections présidentielles. Mais les frères musulmans ont menacé de mettre
le pays à feu et à sang si Morsi n’était pas déclaré vainqueur (avec
l’assentiment de l’ambassade des USA). L’armée a fini par céder par crainte
d’un bain de sang.
Le jour où la Haute Cour
Constitutionnelle devait rendre sa décision sur la validité du vote sur la
constitution, des hordes payées par les islamistes ont assiégé le bâtiment de
la Cour et empêché les magistrats de se réunir.
Voilà comment Morsi et sa mafia
criminelle sont venus au pouvoir.
Bien sûr, les observateurs
étrangers des élections n’ont rien vu, puisque tout étaient joué loin des
bureaux de vote. On décrétât alors que Mohamed Morsi avait été démocratiquement
élu[ii]
Une fois au pouvoir, Morsi a engagé
une véritable politique de noyautage de tous les rouages de l’Etat au seul
bénéfice des Frères Musulmans. Ainsi fut engagée une vague sans précédent
d’atteinte aux libertés civiles. Les minorités furent persécutées et
maltraitées plus encore que sous le régime précédent, et la Révolution
confisquée par les apparatchiks islamistes.
L’économie fut également dévoyée
au profit de la clique fraîchement arrivée au pouvoir, sont effondrement
plongea le petit peuple dans une misère sans précédent.
C’est pour protester contre cette
politique inique et la mainmise islamiste sur le pays que des millions
d’Egyptiens sont descendus dans la rue, presque chaque semaine, pendant
plusieurs mois[iii].
Ces manifestations étaient appelées "millionneyas" par le peuple, parce que chacune rassemblait deux à cinq millions de manifestants.
En politique intérieur, Morsi et
sa confrérie voulait dominer tout, partout. Ainsi Morsi n’hésitât pas à placer
ses amis à tous les niveaux, dans tous les centres de décision.
Mais en politique étrangère, il
avait négocié un accord secret (qui fut très vite éventé) avec les USA, Israël
et le Hamas Palestinien.
Aux termes de cet accord, il
cédait le nord du Sinaï aux palestiniens, pour qu’ils s’y installent après
avoir été déportés de la Palestine historique. Ceci devait mettre un terme au
conflit israélo-palestinien, puisqu’il permettait à Israël d’occuper Gaza et la
totalité de la rive Ouest du Jourdain, ainsi que Jérusalem. En échange, la
confrérie devait recevoir 8 milliard de dollars.
En attendant la mise en œuvre de
cet accord, des milliers de militants islamistes s’installèrent dans le Sinaï,
avec des armes de guerre, pour pouvoir imposer le fait accompli à tous ceux qui
auraient envisagé de s’y opposer.
Le coup d’Etat
Non seulement la résistance
populaire était de plus en plus agressive du fait de la détérioration des
conditions de vie, mais l’armée s’opposa aux plans de la confrérie concernant le Sinaï. Le général
Sissi, qui était alors à la tête des services de renseignements militaires
était informé de tous les faits, gestes et communications de Morsi. L’armée
avait décidé de venir au secours du peuple et du pays. Les renseignements
collectionnaient tranquillement les preuves de haute-trahison de Morsi, qui lui
sont aujourd’hui opposée devant la justice.
Dans un premier temps, le
gouvernement militaire du Sinaï a décidé d’interdire à l’étranger l’accès à la
propriété foncière dans le Sinaï.
Morsi a donc accordé la
nationalité égyptienne à des milliers de palestiniens, militants du Hamas, afin
de leur permettre de détourner cette contrainte. (Après la destitution de
Morsi, la nationalité égyptienne a été retirée à tous ceux qui avaient pu
bénéficier de cette disposition).
Les exactions de Morsi, et la
destruction systématique de l’Etat et la société sont sans précédent. Ils sont
longuement mentionnés ailleurs[iv]
Il ne restait plus devant Morsi
qu’une seule solution : Le coup d’Etat constitutionnel[v]
C’est ainsi que le 22 novembre
2012, Morsi, appuyé par ses parrains impérialistes et par des bandes armées
islamistes adoptât une déclaration constitutionnelle aux termes de laquelle il
s’arrogeait les pleins pouvoirs, exécutif, législatif, et juridique.
En effet, aux termes de l’article
2 de cette déclaration, « les déclarations constitutionnelles, les lois et
les décisions précédentes émises par le président de la République – depuis sa
prise de fonction le 30 juin 2012 jusqu’à l’adoption de la Constitution et
l’élection d’une nouvelle assemblée du peuple – sont définitives et
exécutoires ; elles ne peuvent faire l’objet d’aucun recours devant aucune
instance que ce soit, quel qu’en soit le moyen. Il n’est pas non plus autorisé
de s’opposer à l’exécution de ces décisions ou de les annuler. Toutes les
plaintes en suspend ou en attente de jugement devant tout type d’instance
judiciaire sont désormais caduques »
En somme, tout ce que Morsi
décidera est immédiatement exécutoire. Cela n’a pas trainé ; l’article 3
de la même déclaration lui donne la haute main sur l’autorité judiciaire :
« le procureur général est nommé parmi les membres du pouvoir judiciaire
par une décision du président de la République pour une durée de quatre années
commençant avec la date d’exercice de la fonction. Il doit remplir les
conditions générales d’exercice de la magistrature et être âgé d’au moins
quarante ans. Ce texte s’applique à celui qui occupe ce poste dès maintenant,
avec effet immédiat ».
En fait, des procédures
judiciaires étaient engagées contre de nombreux membres de la confrérie,
accusés de corruption ou de crimes divers. Par cette déclaration, Morsi a
suspendu ces procès, démis le procureur général qui les instruisait, et nommé
un procureur général complaisant, a sa dévotion.
Pour expliquer les choses aux
lecteurs des pays plus ou moins démocratiques, c’est comme si le président de
la république décidait unilatéralement de suspendre tous les procès de ses
amis, de nommer lui-même les magistrats de la cour de cassation et d’interdire
à qui que ce soit de s’opposer à ses décisions.
Morsi a même commis l’impudence
de nommer Adel al-Khayyat, un repris de justice de ses amis comme gouverneur de
Louxor, une ville touristique par excellence. Adel al-Khayyat est tristement
célèbre pour avoir organisé l’attentat du 17 novembre 1997 à Louxor, où 62 touristes
furent massacrés.
Ainsi, le véritable coup d’état commis en Egypte l’a été le 22 novembre
2012. Il a été fomenté par Morsi et sa bande. C’est à partir de cette date que
le peuple a pris conscience du piège qui lui était tendu, et de la nécessité
impérative de renverser le pouvoir mafieux qui gangrénait le pays.
Selon des informations qui, de
toute évidence, ne sont publiées ni confirmées nulle part, le général Sedki
Sobhi, de l’état-major de l’armée, voulait immédiatement procéder à
l’arrestation de Morsi et le traduire devant une cour martiale. C’est le
général Sissi qui aurait calmé ses ardeurs et raisonné en lui expliquant qu’il
fallait attendre que le peuple lui-même réclame l’intervention de l’armée.
L’opposition à Morsi n’avait pas
envisagé la destitution de celui-ci. Elle réclamait seulement des élections
présidentielles anticipées. Pour appuyer cette demande, un mouvement qui se
dénomma Tamarrod (Rébellion) a décidé de collecter plus de 15 millions de
signatures, c’est-à-dire plus que le nombre de voix que Morsi prétendait avoir
obtenu lorsqu’il avait été déclaré élu suite à une parodie de suffrage.
Pendant environ trois mois,
depuis avril 2013 jusqu’à juin 2013, Tamarrod a collecté les signatures dans la
rue. L’hostilité des islamistes était de plus en plus virulente. Les militants
de Tamarrod étaient souvent agressés et leur siège incendié. Ils y a eu
plusieurs tentatives de voler les bulletins signés. Mais Tamarrod tint bon. Fin
juin, le mouvement annonçait avoir réuni environ 22 millions de signatures.
C’est alors que Tamarrod appelle
à manifester le 30 juin. Ce jour-là, ils
étaient plus de 15 millions d’égyptiens dans la rue, dans toutes les villes
d’Egypte.
Lors de cette manifestation monstre, que les médias ont décrit comme "la plus grande manifestation de l'histoire de l'humanité", le peuple a demandé à l'armée d'intervenir et de destituer Morsi.
Le 3 juillet, l'armée à répondu à l'appel du peuple. Morsi a été destitué et arrêté. Pour soutenir l'action de l'armée, plus de 20 millions sont descndus manifester dans les rues d'Egypte.
Les frères musulmans n'ont pas accepté leur défaite. C'est là qu'une série inouïe de crimes terroristes déferla sur l'Egypte. des centaines de citoyens assassinés par les islamistes, plus de 60 églises incendiées, de nombreux chrétiens, dont des enfants, tués par balles à la sortie de la messe.
A Alexandrie, des adolescents qui ont eu le malheur de crier "à bas Morsi" dans la rue furent enlevés et jetés depuis le toit d'un immeuble. La scène a pu être filmée et diffusée sur Youtube.
Le général Sissi, alors ministre de la défense, a prononcé un discours et demandé au peuple de lui donner mandat de lutter contre le terrorisme en manifestant massivement le 26 juillet 2013.
Les égyptiens répondirent présent. C'était là la plus grande manifestation de l'histoire de l'humanité. On estime à plus de 30 millions le nombre de manifestant descendus soutenir l'armée.
Manifestations du 26 juillet 2013 (le Caire)
Manifestations du 26 juillet 2013 (Alexandrie)
Les médias ‘main-stream’ en
occident ont beau répéter à souhait que l’armée Egyptienne a organisé un coup d’état,
rien n’est plus têtu que la vérité : C’est pour aider et protéger le
peuple que l’armée a renversé Morsi et mis en œuvre le programme de transition démocratique proposé par le mouvement tamarrod.
Et c’est bien Morsi qui a
organisé un coup d’état.
La démocratie est la libre expression de la volonté du peuple. Et c'est le peuple égyptien, et lui seul, qui a librement et démocratiquement appelé son armée pour destituer le dictateur qui av ait fomenté un coup d'état contre lui et contre son pays.
[i]
Emissions de la chaîne « Al Qahera Wal Naass » (en arabe)
[ii]
Morsi n’a pas
été élu démocratiquement. Voici comment et pourquoi.
http://afrique-asie.fr/menu/moyen-orient/5898-morsi-n-a-pas-ete-elu-de
http://afrique-asie.fr/menu/moyen-orient/5898-morsi-n-a-pas-ete-elu-de
[iii]
Pascal Lorot, L’Egypte outragée, l’Egypte libérée
http://www.geopolitique-geostrategie.fr/pdf/Egypte-outragee-Egypte-liberee-Pascal-Lorot.pdf
http://www.geopolitique-geostrategie.fr/pdf/Egypte-outragee-Egypte-liberee-Pascal-Lorot.pdf
[iv]
Lettre ouverte aux Égyptiens qui crachent sur leur pays et leur peuple
http://afrique-asie.fr/menu/moyen-orient/7489-lettre-ouverte-aux-egyptiens-qui-crachent-sur-leur-pays-et-leur-peuple.html
http://afrique-asie.fr/menu/moyen-orient/7489-lettre-ouverte-aux-egyptiens-qui-crachent-sur-leur-pays-et-leur-peuple.html