Tarek EZZAT
C’était ce dimanche 6 février 2016, à l’Institut Français
d’Egypte. (IFE), lors d’une conférence organisée par le centre
Le Centre d'Études et de Documentation
Économiques, Juridiques et sociales (CEDEJ), l’Institut de Recherches
pour le Développement (IRD), l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)
et l’IFE.
Le conférencier était Jean-Pierre Filiu, présenté aux
ignares que nous sommes comme un historien du Moyen-Orient contemporain et
arabisant.
Titre de la conférence : Pour une histoire Laïque du
Monde Arabe.
Tout un programme
Jean-Pierre Filiu commence donc à parler de l’histoire de la
laïcité dans le monde arabe, qui commence, selon lui, avec la campagne d’Egypte
conduite par Napoléon Bonaparte.
Rien sur la pluralité des idées et des religions ni sous les
omeyades, ni les Abbassides, et encore moins les Omeyades d’Andalousie.
Mais, au bout d’environ 30 minutes de revue chronologique de
l’histoire du Moyen Orient, Jean-Pierre Filiu se laisse emporter par son
aversion notoirement connue pour le gouvernement de Syrie, et nous explique que
c’est « l’armée de Bashar » qui a attaqué des civils innocents à
l’arme chimique.
Je ferme ma gueule.
Après, ce fut le tour des questions. Une dame dans
l’assistance lui demande si finalement la France n’a pas misé sur le mauvais
cheval, en soutenant « Al-Nosra », et que la raison pour faire chuter
le gouvernement Syrien est qu’il n’est pas inféodé à l’Occident, Que la Syrie
n’a pas de dette envers le FMI, et que ce pays a des réserves de pétrole encore
plus importantes que celles du Kuwait.
Jean-Pierre Filiu commence par prendre ça de très haut, il
ridiculise la dame en lui disant qu’apparemment elle vit sur une autre planète…
et il commence à expliquer que Bashar‑qui‑Tue‑son‑peuple a noyé dans le sang
une révolution populaire pacifique.
C’est là que je l’interromps, et que l’altercation qui suit
a lieu
- -
Vous êtes un menteur
Silence ahuri dans la salle
- -
Monsieur, vous êtes impoli
- -
J’assume !
- -
Si on veut avoir des
échanges courtois et polis, ce n’est pas ainsi qu’il faut faire
- -
Si on veut avoir des
échanges courtois et polis, il faut commencer par dire la vérité.
- -
Moi je suis historien, et
je relate les faits
- -
Vous êtes un historien
menteur. La soi-disant révolution était menée par des frères musulmans. Et nous
ici, les frères musulmans ont les connaît.
- -
Mais vous savez, il y a eu
tout au long de l’histoire des gens qui ont dit que les historiens étaient des
menteurs
- -
C’est tout à fait vrai, et
vous avez raison
La salle éclate de rire, et Jean-Pierre Filiu, décontenancé
ne dit rien.
Le calme revient, et la séance d’imposture continue.
Une amie m’a reproché d’avoir été trop violent. Si j’avais
engagé la discussion autrement, on aurait eu un échange plus intéressant, où
j’aurais pu exposer mes arguments.
Mais je pense que j’ai bien fait.
Les gens présents dans a salle sont grosso modo de trois
groupes
-
Les acquis à Jean-Pierre
Filiu, admirateurs inconditionnels, qu’aucun argument n’aurait fait changer
d’avis, et qui sont souvent des français expatriés, valetaille du Front
National, racistes, acceptant de venir dans un pays qu’ils considèrent comme un
pays de merde parce qu’ils sont bien payés.
-
Les dubitatifs, qui vont,
si le sujet les intéresse chercher la vérité par eux-mêmes, sans que ce soit
nécessaire de leur faire une contre-conférence.
-
Ceux qui savent, et qui
n’ont pas besoin de mes informations.
Je trouve extrêmement choquante la démarche du CEDEJE.
En effet, Jean Pierre Filiu et connu pour ses positions
hostiles à la révolution égyptienne, il a récemment d’ailleurs déclaré ceci
dans un entretien ;
La réalité aujourd’hui, tragique, c’est que la dictature
égyptienne actuelle a ramené le pays à un niveau de violence inconnu depuis…
Bonaparte en 1798;
On a du mal à comprendre que le CEDEJE ait invité un soi-disant
intellectuel qui vienne nous insulter chez nous.
Je souhaite dire, amicalement mais fermement, au CEDEJE que des
intervenant de cet acabit est intolérable, et que si cette fois ci l’affaire
s’est limitée à une altercation, la suivante ira à l’incident diplomatique.
Ces quatre instituts qui ont organisé la conférence doivent
savoir qu’on n’est pas dupe, et que les Egyptiens ne sont pas nés de la
dernière pluie, pour croire aux bobards et la propagande politique atlantiste
de la France, soi-disant socialiste.
Ces instituts dépendent du ministère français des affaires
étrangères, et qui sont probablement infestés d’espions à la solde de Laurent
Fabius, et choisi par lui, par ce que l’Egypte est un pays d’importance
stratégique.
Cela fait déjà longtemps que la diplomatie française pousse
sournoisement ses pions et agent frères musulmans en Egypte, soit en invitant
des conférenciers falsificateurs et menteurs, à l’instar de Jean-Pierre Filiu
ou Gilles Kepel.
Déjà, en Septembre dernier, j’ai eu la surprise, d’apprendre
que l’Université Française d’Egypte avaient engagé comme enseignant, M. Mahmoud
Ismail, qui a été le directeur du Centre Culturel d’Egypte à Paris, et qui
avait fait venir une horde de frères musulmans aux gros bras, menacer une
conférencière égyptienne et saboter sa conférence, et qui de ce fait a été
remercié de son poste.
Comme si, en Egypte, il n’y avait qu’un frère musulman, de compétence
plus que moyenne, pour enseigner à de jeunes étudiants en architecture.
Avant cela, alors que le gouvernement de la révolution avait
arrêté M. Morsi et ses complices pour les faire juger, monsieur Laurent Fabius
avait cru utile d’intervenir auprès du gouvernement Egyptien pour « faire
libérer les prisonniers politiques ».
Sans oublier Alain Marsaud, député des Français à l’étranger,
et des Français en Egypte, qui a l’impudence de déclarer dans les médias « Je me
demande même si Daesh n'est pas un élément stabilisateur de la région. Daesh
est en train de créer un 'sunniteland', ce qui n'a jamais existé parce que
finalement le Moyen-Orient est en train de souffrir des accords Sykes-Picot de
1916 ou 1917 qui avaient fait une partition inintelligente et un peu n'importe
comment du Moyen-Orient. Aujourd'hui on est en train de créer un État sunnite
et il y avait besoin d'un État sunnite. Alors, c’est sûr qu’ils le font
dans
la violence, dans l'exagération [sic], dans ce que certains appellent la
barbarie mais le terme est utilisé n'importe comment. Mais je crois
effectivement que nous avons besoin de cet État sunnite dans cette région. Et
le problème c’est que les populations adhèrent. [i]»
Je suppose qu’un jour où l’autre,
on pensera inviter Alain Marsaud, tant qu’à faire. Je vois d’ici l’effet
dévastateur que cela produira.
On en a assez de ces provocations, et nous ne laisserons
plus faire.
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