Que se passe-t-il dans les coulisses de l’assemblée constituante ?
Tarek EZZAT
Dès les premières réunions, le parti « Al Nour »
(la lumière), parti Salafiste (voir note) qui prône en apparence, le retour à
la société ancestrale de l’époque du prophète, s’opposait aux laïques, aux
libéraux, et même au représentants d’Al Azhar, la mosquée-université islamique
d’Egypte, reconnue dans le monde entier comme telle, où viennent étudier des
musulmans du monde entier ; Indonésie, Sénégal, en passant par l’Arabie et
la Chine, et même d’Egypte.
Mais les Salafiste du parti « Al Nour », qui est
en réalité un parti des ténèbres, souhaite ramener notre peuple à quelque
quatorze siècles en arrière. Pour lui, Al Azhar est une école hérétique, qui
n’a pas su garder les préceptes anciens.
Le parti « Al Nour » s’oppose à la définition de
l’Egypte comme Etat « civil » dans la constitution en préparation.
Comme si, au temps du prophète, la société n’était formée que de militaires ou
de prêtres.
M. Makhyoun, président du parti Al Nour
Il s’oppose aussi à l’égalité des hommes et des femmes, La
réalité est que ce parti s’oppose à la notion même d’égalité.
En effet, pour ce parti, il n’y a pas d’égalité entre hommes
non plus, puisque, selon ses représentants, les chrétiens, les juifs, le
chiites ne sont pas les égaux des musulmans.
Mais, toujours selon ce parti, il y a les bon
musulmans, qui sont bien entendu salafistes, et les autres, qui, quoi que
croyants, ne sont pas pratiquants.
Mais il y a plus : selon ce parti, les athées
n’existent pas, alors que plusieurs sources d’informations ont révélées qu’il y
a plus de deux millions d’athées en Egypte, et que ce nombre avait
considérablement augmenté depuis l’accession au pouvoir de M. Morsi et de sa
mafia islamiste.
Les Salafistes sont soutenus par l’Arabie Saoudite, Un royaume
en décomposition sociale, où les femmes n’ont même pas le droit de conduire une
voiture, soit disant pour respecter les prescriptions de l’Islam, et qui est
aussi le premier consommateur mondial de vidéos pornographiques, et qui
autorise le « mariage » entre des vieillards de 70 ans et des
fillettes de 9 ans.
Depuis le début du Printemps Arabe, les dirigeants de ce
pays ont une seule hantise ; la contagion révolutionnaire, Ils feront tout
pour faire dérailler le train de la révolution et faire échouer les espoirs de
progrès qui émergent dans la région.
J’avais fait observer début juin 2013, que si l’Arabie
Saoudite avait consenti 12 milliards de dollars d’aide économique à l’Egypte,
ce n’était pas pour soutenir la révolution populaire, mais pour mettre
l’économie Egyptienne à genoux et la placer dans un état de dépendance,
Des amis m’ont critiqué, invoquant un proverbe Egyptien
« fais-moi vivre aujourd’hui, et tue moi demain », Les 12 milliards
de dollars nous ont maintenu la tête hors de l’eau, mais la bouée de sauvetage
était entre les mains de leurs alliés les salafistes.
Cela c’était hier, Ils nous ont fait vivre, Le
« demain » du proverbe c’est maintenant, C’est donc l’heure de nous
tuer.
Et ce sont les Salafistes qui s’en chargent, en imposant
leurs vues par tous les moyens dans le texte de la constitution en cours
d’élaboration.
La situation aurait été sans gravité si le gouvernement
intérimaire de l’Egypte avait été moderniste (je n’ose pas écrire
«progressiste»)
En effet, nous avons à la tête de l’état un président
intérimaire qui a vécu le plus clair de sa carrière dans les pays du Golfe, Un
premier ministre qui a grandi à l’ombre des théories économiques d’un
capitalisme dépassé même en occident, et des ministres dont les égyptiens ignorent
les responsabilités, et même les noms.
On sait d’une part que l’Arabie Saoudite à, dès le lendemain
de la destitution de Morsi, consenti une aide de 12 milliard de dollars à
l’Egypte.
On sait d’autre part, que les Salafistes sont soutenus par
l’Arabie Saoudite, pour de multiples raisons politiques qui sont longuement
expliquées sur les média.
On pourra toujours s’interroger sur la cohérence logique et
politique des salafistes : Qui a été salafiste dans l’histoire de
l’islam ? Certainement pas des grandes figures telles que Haroun al
Rachid, Saladin, les califes d’Espagne, où Al Khawarizmi, Al Fârâbî, Ibn
Batouta, Ibn al Haïtham, Ibn Hayyane, ou encore Abdel Rahman Al Kawakby, Qasim
Amin ou Hoda Shaarawy.
Toutes ces personnalités exceptionnelles et remarquables
étaient musulmanes, Aucune d’entre elle n’a appelé au retour au temps passés,
et imposer les normes sociales et politiques des ancêtres, Bien au contraire,
Elles ont toutes agit et encouragé la libération de la société et des esprits.
Les salafistes sont les ennemis de la civilisation. Les ennemis de
l’Islam. Les ennemis du peuple. Les ennemis des chrétiens. Les ennemis des
musulmans. Les ennemis des femmes.
Ce sont les ennemis de l’Egypte, tous comme les
frères musulmans, leur jumeaux, leurs clones.
Les islamistes sont aujourd’hui politiquement minoritaires,
Les frères musulmans décimés, sont haïs du peuple, Les salafistes n’ont aucune crédibilité.
Mariam Ashraf Messiha, 8 ans, tuée à la sortie d'une église.
Quoi qu’il en soit, ils ne pèsent pas grand-chose, électoralement
et politiquement.
Les représentants de leurs partis sont compromis dans des
affaires de corruption, de mœurs et de violence.
Mais l’Egypte, tributaire du bol d’air économique saoudien,
est obligée de caresser les salafistes dans le sens du poil, et avaler les
couleuvres les unes après les autres.
Voilà ce qui explique pourquoi la commission des cinquante
rédacteurs de la nouvelle constitution travaille en cachette,
Voilà pourquoi la presse n’assiste pas aux réunions
Voilà pourquoi les articles approuvés par les cinquante sont
falsifiés en lettre et en esprit par un comité de rédaction à la solde des
salafistes et Amr Moussa
Voilà pourquoi Amr Moussa, président de la commission, s’abaisse
dans des compromissions en cachette avec les représentants du parti Al Nour et
Al Azhar, soi-disant pour trouver un compromis, qui est surtout une compromission
au détriment des chrétiens, des laïques, des libéraux et du peuple.
Voilà pourquoi les cinquante ne discutent que des femmes, de
l’explication de la sharia, de l’identité Egyptienne, comme si un peuple qui a
cinq millénaires de civilisation derrière lui avait besoin qu’on lui explique
son identité.
Voilà pourquoi on ne parle pas des droits sociaux, des
libertés, et de l’égalité entre les citoyens.
Voilà pourquoi le clergé copte commence à se réveiller pour
contester le coup d’état silencieux qui se prépare, alors qu’il ne brille ni
par son courage révolutionnaire ni par son esprit progressiste
Voilà pourquoi il faut que l’Egyptien moyen se réveille,
Qu’il exige la transparence, qu’il exige de savoir qui propose quoi, et qui
vote pour ou contre quoi.
Voilà pourquoi la nouvelle constitution ressemble de plus à
plus à un cours de religion, une explication du Coran, et pas à un texte de loi
supérieure démocratique, fraternel, assurant la liberté et les droits sociaux.
Il y a quelques jours, le Dr. Wassim El Sissi a démissionné
de la session du comité chargé des cinquante parce que le mot «civil» dans le
premier article, après avoir été accepté par dix membres sur quatorze a
finalement été supprimé par le comité de rédaction chargé du texte juridique.
Dans sa lettre de démission à M Amr Moussa, président du la
commission, il signale que ce qui est construit sur la fraude devint lui-même
frauduleux.
Il s’étonne enfin de voir des constitutionalistes éminents,
tels que Noor El Dine Farahat, Ibrahim Darwish ou Tahany Al Guebaly absents de
la commission.
Il faut révoquer Amr Moussa, qui a trompé la confiance populaire.
Il faut exclure le parti Al Nour, qui ne représente que lui-même,
puisque les musulmans sont représentés par Al Azhar.
Il faut que les chrétiens d’Egypte réalisent que l’histoire
ne se répète pas, et que s’ils laissent passer la chance qui se présente de
contribuer au destin du pays, ils en seront responsable devant tout le peuple,
et pas seulement devant les seuls chrétiens.
C’est en Egypte qu’on a découvert l’évangile de Saint Thomas,
Selon lui, Jésus a dit « donnez à Dieu ce qui est à Dieu, donnez à César
ce qui et à César, … et donnez-moi ce qui est à moi »
Ce qui est à Jésus, C’est l’Egypte, Le pays et le peuple qui
a sauvé la sainte famille qui s’y est réfugiée.
Les forces obscures du mal à l’époque, c’était les romains et
leur empereur.
Les forces obscures du mal aujourd’hui, ce sont les
salafiste et leurs commanditaires saoudiens.
Il faut que nous tous, pas seulement les chrétiens,
réclamions ce qui reviens à Jésus et à l’humanité toute entière.
Comme le disait
Joan Baez, « We shall overcome ».