Lettre ouverte à M. El Baradei
Tarek EZZAT
Tarek EZZAT
Monsieur le Vice-Président,
J’observe que depuis plus d’un mois, des manifestants
soutenant l’ex-président destitué manifestent dans notre pays, essentiellement
à Raaba Adaweya, et à Nahda.
Ces manifestants ne se contentent pas de protester
pacifiquement. Ils saccagent les lieux, utilisent les jardins publics comme
lieux d’aisance, et l’on entend leurs dirigeants, tous les jours, préférer des
menaces contre l’armée, contre le peuple, contre les chrétiens, contre la
sécurité nationale.
Vous avez alors dit être opposé à la dispersion violent de
cet attroupement, au motif de ne pas verser de sang, que le sang Egyptien est
précieux, que ces manifestants sont des Egyptiens comme nous tous.
Vous avez même menacé de démissionner si une action violente
était entreprise contre ces manifestants.
Il est vrai que vous avez démenti avoir adopté une telle
attitude. Mais je constate que presque toute la presse continue à vous accuser.
Comme dit le proverbe, ‘il n’y a pas de fumée sans feu’. D'ailleurs vos actes, comme on les voit tous les jours, ne démentent pas vos propos. C'est la pressions populaire qui vous a contraint à plus de prudence.
Je doute que des journalistes comme Ibrahim Issa, Amr Adib,
Youssef El Hosseiny, où d’éminents magistrats comme Tahany El Guebaly ou Ahmad
el Zend soient des calomniateurs, ou des inconscients égarés, qui porteraient,
sans motif, de telles accusations contre un innocent.
Vous avez ensuite rectifié ces prétendues rumeurs en
précisant que vous souhaitez une dispersion des manifestants ‘conformément à la
loi’.
Cet argument est plus que surprenant de la part d’un
juriste. Vous ne pouvez pas ignorer que non seulement l’Etat dispose
l’également du monopole de l’usage de la force, mais que aussi que l’usage de
cette force est justifié lorsque les manifestants se livrent à la dégradation
de biens publics, une occupation illicite de de la rue, à la perturbation des
transports, ou toute autre atteinte à l’ordre public.
L’Etat n’a pas besoin d’une loi pour disperser des
manifestants.
Mais revenons à votre argument insensé, selon lequel il faut
éviter de verser du sang. Que le sang des Egyptiens est précieux.
Nous savons, depuis longtemps, que nous n’avons pas affaire
à des manifestants pacifistes. Il s’agit de hordes mafieuses qui occupent les
places de notre pays et agressent les habitants alentours.
Tous les médias rapportent qu’à Rabaa, il y a eu des séances
de torture. Qu’il y a eu des morts. Que des enfants, trompés par des promesses
de cadeaux, y sont conduits pour servir de boucliers humains.
Qu’en pensez-vous ? Pourquoi ne dites-vous rien ?
Le sang des victimes de Rabaa ne serait-il pas du sang Egyptien ? A-t-il
moins de valeur que celui des criminels que vous protégez à tout prix ?
Pourquoi n’avez-vous pas condamné, même du bout des lèvres, ces atrocités
commises contre notre peuple ?
On n’attend pas d’un président de nous dire ce qu’il ne faut
pas faire. A la limite, si vous êtes contre une dispersion violente des
manifestants islamistes, pourquoi pas ? Mais dites-nous alors comment
faire. Dites-nous comment, à votre avis, faire cesser ces crimes. Comment
mettre fin à cette injure quotidienne contre notre pays et contre notre peuple.
C’est trop facile de faire un entretien de presse, assis
dans un fauteuil, les mains en éventail, pour dire que vous condamnez la
violence contre des assassins, alors que des victimes payent de leurs vies
votre passivité et votre silence coupable.
Mais il y a plus.
Comment se fait-il que vous n’avez rien dit, alors qu’au
Caire, à Alexandrie, en haute Egypte et ailleurs, les même hordes mafieuses
agressent et tuent nos compatriotes ?
Je ne vous ai pas entendu condamner l’assassinat des Chiites
qui priaient paisiblement chez eux. Plus récemment, je ne vous ai pas entendu,
non plus, condamner les crimes commis à Minieh ou Sohag contre des citoyens
chrétiens. Et qu’avez-vous dit, ou fait, après l’assassinat délibéré d’une
fillette de 10 ans, dont le crime était d’avoir été prier à l’Eglise ?
Il y a encore plus.
On sait que le régime déchu n’a pas seulement organisé
l’atteinte aux libertés publiques et le trucage des élections.
On sait que ce régime a bradé notre souveraineté nationale,
par des accords secrets concédant des pans entiers du Sinaï, le bradage du
Canal de Suez, l’abandon de Halayeb et Chalatine ou la capitulation devant
l’Ethiopie en ce qui concerne le partage des eaux du Nil.
Sans compter encore le vol de nos antiquités et de notre
patrimoine historique, l’amnistie des criminels parents du président déchu ou
de sa tribu, nominations de ses proches aux postes clés de l’Etat.
Avez-vous oublié qu’à Louxor, ville touristique par
excellence, on a vu nommer l’organisateur d’un attentat qui a coûté la vie à
plus de 70 touristes.
Qui paye le prix de ces égarements ? Pas vous. Les
conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Ceux qui vivent du tourisme, ruinés. Les habitants du Sinaï,
rackettés. Les chrétiens, assassinés. Les jeunes révolutionnaires, assassinés
aussi. Les citoyens paisibles, torturés. Les enfants kidnappés. Les jardins
publics saccagés. Les Eglises, incendiées. Les Bien publics détruits.
Voilà monsieur le Vice-Président le prix de votre
non-violence. Le prix de votre mansuétude à l’égard d’une mafia criminelle qui
terrorise notre peuple. Le prix de votre chantage à la démission. Le prix de
votre lâcheté et de votre compromission.
Et voilà, monsieur le Vice-Président, que vous nous invitez
à nous réconcilier avec cette organisation criminelle et proposez de lui permettre
de participer à la vie politique.
Et les victimes ? Y avez-vous pensé ? Les parents
des Martyrs, leur avez-vous demandé leur avis ? Le sang de leurs enfants
ne compte-t-il plus ?
Après le 30 juin 2013, on a vu alors un défilé de
diplomates, venus nous dire comment gouverner notre pays, comment établir un
vraie démocratie, et réclamer en fin de compte la libération de ceux qui ont
organisé les vols, les viols, les cars de fillettes conduites à des séances
d’excision, des incendies d’églises, et de la destruction de l’économie et de
l’Etat.
Il se trouve que ces diplomates représentent tous des pays
hostiles à notre peuple, qui ont soutenu le régime déchu et ont passé avec lui
ces accords iniques, souvent secrets, au mépris de la dignité de notre peuple.
Aucun pays au monde n’a jamais accepté une telle
humiliation. Aucun pays au monde n’a jamais accepté de discuter avec une
puissance étrangère de la manière de gouverner, ou de la manière de traiter des
prisonniers de droit commun. Aucun pays au monde n’a jamais accepté une
ingérence extérieure, et internationalisé ainsi un conflit interne.
Vous savez que Catherine Ashton, qui n’est pas venue
d’elle-même, mais que vous avez invitée, représente l’Union Européenne,
c’est-à-dire l’OTAN, qui a détruit la Yougoslavie et divisé un peuple uni en
plusieurs sous états croupions, dépendant de l’hégémonie occidentale.
Vous savez que les Etats Unis ont tout fait pour faire croie
que les chefs de la mafia qui était au pouvoir sont des ‘prisonniers
politiques’.
Et si vous ne savez pas qui est le sénateur McCain, demandez
à l’ambassadeur du Vietnam de vous en parler.
Le sénateur McCain était pilote de bombardier, il a été
abattu par l’armée Vietnamienne alors qu’il tentait de détruire la centrale
électrique de Hanoi.
McCain, ce chevalier du ciel, et ses compagnons, sont
ceux-là qui ont largué du Napalm sur les enfants, comme la petite Kim Phuc . Ceux qui
ont exterminé des villages entiers, n’épargnant ni vieux, ni femmes ni enfants,
comme à My Lai. Ou encore ceux qui larguaient de l’agent orange, produit pas la
tristement célèbre usine Monsanto, et qui est, jusqu’aujourd’hui, est la cause
de malformations atroces frappant tant de nouveaux nés vietnamiens.
Les exploits de McCain et ses amis.
Kim Phuc a 9 ans quand un avion largue sur son village des bombes au napalm.
Un village décimé.
Kim Phuc a 9 ans quand un avion largue sur son village des bombes au napalm.
Un village décimé.
McCain n'a aucun remord
Les exploits de McCain et ses amis.
La population civile vietnamienne toujours victimes de la contamination du territoire par l'agent orange
McCain, le sioniste, qui après avoir prié devant le Mur des
Lamentations a déclaré Jérusalem capitale éternelle d’Israël, et souhaité
bombarder l'Iran, la Syrie, alors que son collègue, le sénateur Tancredo souhaitait bombarder la Mecque, insultant ainsi des milliards de musulmans de par le
monde.
C’est bien ce McCain qui, chez nous, a insulté notre peuple
dans une conférence de presse.
Monsieur le Vice-Président,
Dans quel pays au monde a-t-on accepté de voir ce défilé de
diplomates venir nous dire comment résoudre nos propres problèmes ?
Et par quel mystère il s’avère que ces diplomates
représentent tous des pays et des organisations hostiles à notre peuple ?
Sommes-nous devenus si attardés au point que des puissances
étrangères viennent nous donner des leçons de démocratie ?
Pourquoi salir notre pays en serrant la main d’un criminel
de guerre ?
Pourquoi humilier notre peuple en internationalisant un
conflit interne ?
Pourquoi vous déshonorer, et abaisser notre pays en recevant
des diplomates hostiles à notre Révolution ?
Monsieur le Vice-Président.
Cessez ce chantage à la démission. La réalité est que par
chantage et votre lâcheté, vous soutenez des criminels, vous encouragez des
puissances étrangères à intervenir dans nos affaires intérieures, vous portez
atteinte à la souveraineté de notre pays, et vous insultez notre peuple et ses
martyrs.
Tarek EZZAT
Tarek EZZAT
Puissant effet cathartique de lire en partie ce qu'on voudrait hurler (car le reste je l'ignorait Mc Cain ettutti quanti)
RépondreSupprimerAdmirablement écrit ya Tarek ! Admirablement pensé et argumenté !